• III. La paix

    Les infirmières se mirent à courir en tout sens, l'une d'entre elles, parti quérir un médecin, tandis qu'une petite brune tentait vainement de faire sortir les parents de la chambre de la jeune fille. Sa mère désemparée par la perte imminente de son enfant s'accrochait avec désespoir à son bras. Ses yeux s'étaient transformés en cascade, laissant couler ses larmes sur son visage fatigué et blême. Son mari malgré la douleur au fond de son regard essaya de raisonner sa femme, mais elle n'écoutait plus personne. Le monde était devenu sourd pour cette mère affligée par la perte de sa chair et de son sang. L'infirmière appuyée par le père de la jeune fille parvint à force de manœuvres à la faire sortir de la pièce en ébullition. Avant que la porte ne se ferme sur l'équipe médicale, les parents se laissèrent glisser au sol. Le père maintint doucement son épouse au creux de ses bras, en tentant vainement de la consoler sans qu'elle s'en rende compte.
    Le médecin n'avait pas le temps de s'émouvoir sur le chagrin qui accablait le couple. L'électrocardiogramme affichait toujours son triste verdict : l'arrêt cardiaque. Il devait tenter de sauver la jeune fille. Il cria aux infirmières d'apporter le défibrillateur, dont l'une d'elles partit chercher au pas de course. Le médecin commença le massage cardiaque avec rapidité, quand l'appareil arriva enfin, il prit les palettes pour les approcher de la poitrine de la jeune fille. Tout le monde recula sous son injonction, puis un premier choc électrique survint, mais l'électrocardiogramme n'afficha aucun changement. Second choc électrique, toujours rien. Le médecin augmenta encore d'un cran les joules, puis un troisième électrochoc souleva de nouveau le corps chétif. Aucun rythme sinusal...
    Le médecin poussa un juron, car il devait se résoudre à prononcer l'heure du décès. Il secoua la tête puis émit d'une voix sans émoi :
    – Heure du décès : 17 h 36.
    C'était fini. L'homme grisonnant qui avait essayé de la sauver la contempla avec tristesse. Elle était si jeune ! Le médecin d'un geste doux ferma les yeux vides de toute vie de la jeune Laura. Puis l'équipe d'aides-soignantes prit le relais autour du corps et tenta de donner un peu d'ordre dans la pièce pour que les parents puissent se recueillir auprès de leur fille.

    Quand les parents entrèrent de nouveau dans la chambre devenue pesante, les larmes et la douleur maculaient toujours leur visage comme un masque devenu une seconde peau. Ils s'approchaient d'un pas lent vers le corps de leur douce Laura. Sa peau était encore plus pâle qu'auparavant, mais son visage semblait si paisible. Avait-elle trouvé la sérénité ? Ils l'espérèrent de tout leur cœur ! La vie s'était tellement montrée injuste avec leur doux petit ange.
    Laura n'avait que quinze ans quand elle fut atteinte de leucémie. Avant cela, la jeune fille respirait tant de joie de vivre ! Cette jolie blonde aux yeux bleus avait toujours su se faire aimer d'autrui. Elle n'était que pure bonté.
    Elle avait passé les deux années suivantes à suivre des traitements éprouvants pour son jeune organisme : chimiothérapie, radiothérapie, puis greffe de moelle osseuse qui avaient su prolonger sa vie. Tout le monde crut qu'elle s'en était enfin sortie, mais au fond Laura savait que le cancer finirait par gagner. Son instinct fut le bon, elle venait de fêter ses dix-sept ans, quand elle eut une récidive. Seulement, les avis des médecins ne furent pas optimistes quant à sa survie. Au fil du temps, Laura perdait toute envie de se battre contre la maladie et ne voulait plus d'acharnement thérapeutique. Durant deux semaines, elle s'était retrouvée à l'hôpital pour y terminer ses jours. Pourtant, la jeune fille aurait préféré mourir chez elle, au calme et dans un endroit qui l'avait aimé et choyé.

    Ses parents se recueillirent encore plusieurs minutes sur les souvenirs de leur vie passée, une oraison funèbre silencieuse pour un dernier au revoir. Ils savaient au fond d'eux qu'elle ne souffrirait plus jamais. Désormais, elle devait être enfin en paix.
    L'esprit de Laura qui était toujours omniprésent voulait également leur souffler un dernier adieu. Soudain, une lumière aveuglante lui fit face, étrangement elle n'était pas effrayée, bien au contraire ! Elle savait qu'au fond d'elle, elle devait la traverser. C'est d'une démarche assurée et paisible qu'elle avança dans sa direction. Quand elle franchit cet étrange passage, une onde d'amour et de chaleur vint l'emmitoufler entièrement. Elle était libre, libre d'explorer un univers qui regorgeait de secrets. Ici, elle pourrait veiller à jamais sur ses parents et les attendre. Laura savait qu'elle l'avait échappé belle ! Elle était morte sans souffrance et dorénavant, elle sourira depuis l'au-delà.

     

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